Enfant théologien

Les Communautés de recherche philosophique et la théologie de l’enfant : de quoi s’agit-il ?

Les communautés de recherche philosophique,
dont est issue la réflexion de l’enfant théologien,
appliquent une pratique éducative permettant le développement de la pensée chez les enfants à travers l’exercice du dialogue.
De cette pratique, nous mettons en lumière plusieurs aspects :

L’enfant n’a pas de bonne ou de mauvaise réponse à fournir au cours de la discussion :
si l’animateur a en tête la réponse qu’il souhaite obtenir des enfants,
alors son auditoire le sent et s’efforce de plaire à l’adulte, de se conformer à sa pensée, ce qui n’est justement pas le but de cette pratique.

Il se peut que l’adulte n’ait pas de réponse à la question posée.
L’enfant ne sera pas déstabilisé par l’absence de réponse mais par l’attitude de l’adulte face à lui :
si l’animateur est angoissé à l’idée de ne pas donner de réponse alors les enfants seront naturellement inquiets.
Si, dès le départ, on place le débat dans une dynamique de recherche commune,
alors l’absence de réponse immédiate est acceptable, surtout et dès lors que l’on touche aux questions fondamentales.

Or, avec les enfants, les questions fondamentales (ou vitales) sont très vite abordées.
Parce qu’ils sont dans une dynamique de l’urgence, en prise directe avec la découverte de la vie, en perpétuelle recherche de sens.
Cela ne signifie pas que l’animateur doive se censurer au cours du débat :
il peut et doit réagir en fonction de ses convictions, de l’éclairage qu’il donne à sa propre vie, mais il doit se présenter comme tel.
Dans cette pratique, les enfants et l’animateur sont partenaires, c’est-à-dire cohéritiers de la discussion.

Cela exige de la part de l’adulte et des enfants un déplacement.
Même si la pédagogie moderne tend vers un partage authentique de la parole et veut rendre les enfants acteurs dans leurs apprentissages,
les places restent bien définies :

l’adulte est l’émetteur d’un savoir, l’enfant en est le récepteur.
La pratique régulière du débat d’idées permet au contraire d’instaurer des rapports différents entre adulte et enfant :
l’adulte se situe davantage comme un passeur d’une réflexion ou d’une spiritualité qu’il puise dans sa propre expérience et dans ses connaissances.

« Les pédagogues du religieux auront réussi leur tâche quand ils auront aidé les enfants à grandir avec l’envie de poursuivre leur propre route.
Lorsqu’ils auront donné l’envie et les outils pour se la choisir eux-mêmes.
Une route faite de leurs questions,
et des réponses qu’ils auront choisies eux-mêmes parmi les chemins pluriels de la spiritualité
et dans le plus grand respect des voies multiples de l’aventure humaine. »

Guy Rainotte